
Qu'est-ce que la Coordination européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui ?
En 1975, année où une mission des Nations Unies s’est rendue dans la colonie espagnole du Sahara occidental (du 8 mai au 14 juin) et a constaté la volonté d’indépendance du peuple sahraoui et son soutien au Front POLISARIO, la Cour internationale de justice a publié son avis (16 octobre) réaffirmant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. La même année, le Maroc et la Mauritanie ont envahi militairement le Sahara occidental (30 octobre) et l’Espagne a signé l’accord tripartite de Madrid avec les régimes de Rabat et de Nouakchott (14 novembre). C’est dans ce contexte qu’est né le mouvement européen de solidarité avec le peuple sahraoui.
Aux Pays-Bas, lors d’une réunion rassemblant 12 personnes de différents pays, l’EUCOCO (Coordination européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui) a été créée. Elle reste active grâce au travail continu d’un groupe de représentants de groupes de solidarité nationaux, connu sous le nom de Task Force. Présidée depuis 1975 par Pierre Galand, aujourd’hui ancien sénateur belge, son secrétariat est assuré à Bruxelles par le Comité belge de soutien au peuple sahraoui.
L’objectif de l’EUCOCO est, en collaboration avec le Front POLISARIO, d’inspirer, de soutenir et de renforcer le mouvement de solidarité européen avec la cause sahraouie et de coordonner son intervention auprès des principales organisations internationales qui ont la responsabilité de créer les conditions permettant au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination et à l’indépendance.
Dans le cadre des Nations Unies, l’EUCOCO envoie chaque année, en octobre, des délégations de pétitionnaires à la Commission spéciale sur la politique et la décolonisation (la Quatrième Commission) de l’Assemblée générale des Nations Unies (AGNU), à New York, afin d’informer ses 29 membres des graves violations du droit international commises par le Maroc et de défendre le droit à l’autodétermination et à l’indépendance du peuple sahraoui. Parallèlement, ces délégations rencontrent les missions diplomatiques de différents pays auprès de l’ONU et des ONG internationales.
Chaque année, l’EUCOCO envoie également une délégation à Genève pour défendre la cause sahraouie lors de la session ordinaire du Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Au cours de cette mission, la délégation organise un événement parallèle avec plusieurs missions diplomatiques auprès des Nations unies.
En 1979, l’EUCOCO a décidé de créer une Commission internationale de juristes, qui est toujours active. Elle publie des avis et des articles et organise des conférences sur le droit international relatif à la question du Sahara occidental.
En 1985, à la suite d’une rencontre internationale organisée à l’Assemblée nationale française, l’Intergroupe « Paix pour le Sahara occidental » a été créé au Parlement européen, le seul à traiter d’une question internationale et à être officiellement reconnu. Son rôle est crucial, car il défend les droits fondamentaux et les intérêts du peuple sahraoui auprès des institutions européennes.
L’EUCOCO a encouragé non seulement la formation d’intergroupes dans les parlements nationaux et régionaux, ce qui est devenu une réalité dans de nombreux pays et régions d’Europe (ainsi qu’en Amérique latine), mais aussi l’établissement de jumelages entre des villes européennes et sahraouies situées dans les camps de réfugiés. Il s’agit là d’un moyen important de renforcer le réseau international de solidarité avec le peuple sahraoui.
L’EUCOCO soutient différents types d’interventions sur deux questions fondamentales : les droits humains et les ressources naturelles du Sahara occidental. La violation des droits humains dans le territoire occupé par le Maroc et la solidarité avec ses victimes, en particulier les prisonniers politiques sahraouis, ont donné lieu à de nombreuses campagnes et initiatives dans différents pays. L’exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental a fait l’objet de plaintes déposées par le Front POLISARIO devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), et les entreprises impliquées dans ce processus ont été dénoncées. Le mouvement de solidarité exige une position claire et des actions concrètes de la part des États complices du Maroc afin de mettre fin à cette grave violation du droit international.
Qu'est-ce que la Conférence européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui ?
La conférence annuelle de l’EUCOCO, organisée par la Task Force avec le soutien politique du Front POLISARIO, est l’événement le plus important de l’année pour le mouvement international de solidarité avec le peuple sahraoui.
Depuis plus de 30 ans, la Conférence rassemble chaque année entre 200 et 400 militants et représentants d’organisations solidaires, d’associations et d’ONG, de syndicats, de chercheurs et d’élus de différents pays européens et d’autres parties du monde. Le Comité national algérien de soutien au peuple sahraoui (CNASPS) est un partenaire important de cette manifestation.
Son objectif principal est, en collaboration avec le Front POLISARIO, de prendre des décisions sur la coordination des efforts de solidarité internationale et d’élaborer un plan d’action pour l’année suivante, en tenant compte de l’analyse stratégique de la situation prévalant au Sahara occidental et du contexte international.
La Conférence est également l’occasion de réaffirmer, devant la communauté internationale, la justice et l’urgence d’un référendum d’autodétermination permettant au peuple sahraoui de décider librement de son avenir.
Au cours des dernières années, quatre thèmes ont guidé le fonctionnement de quatre groupes de travail pendant la Conférence : les politiques de respect des droits fondamentaux du peuple sahraoui et leur communication ; le respect des droits humains dans le territoire occupé du Sahara occidental ; la construction de l’État sahraoui ; la protection des ressources naturelles du Sahara occidental.
Après la tenue des conférences EUCOCO, les membres du mouvement de solidarité s’engagent à organiser des actions de sensibilisation auprès des institutions internationales, nationales et locales. Il apparaît que les informations partagées et les résolutions finales des conférences sont souvent utilisées par les institutions internationales et parlementaires comme sources crédibles sur la question sahraouie.
Au fil du temps, certaines conférences ont marqué le parcours du mouvement de solidarité avec le peuple sahraoui. Lors de la 15e conférence EUCOCO, les participants ont appelé l’ONU à augmenter l’aide humanitaire aux réfugiés sahraouis. Lors de la 30e conférence, et régulièrement depuis lors, il a été demandé au Conseil de sécurité que le mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) soit élargi afin d’inclure la surveillance des droits de l’homme et la protection des civils sahraouis dans le territoire occupé. Lors de la 38e Conférence, la libération immédiate des prisonniers politiques sahraouis a été exigée et le lancement d’une campagne à cette fin a été préparé. Lors de la 45e édition, les participants ont adressé une lettre aux plus hauts responsables des institutions européennes, leur demandant de respecter l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne du 29 septembre 2021. L’EUCOCO 48 a dénoncé les chefs d’État français, espagnol et états-unien pour leur soutien à l’occupation marocaine du Sahara occidental.
Après la tenue des conférences EUCOCO, les membres du mouvement de solidarité s’engagent à organiser des actions de sensibilisation auprès des institutions internationales, nationales et locales. On constate que les informations partagées et les résolutions finales des conférences sont souvent utilisées par les institutions internationales et parlementaires comme sources crédibles sur la question sahraouie.
En général, avant chaque conférence EUCOCO, une conférence interparlementaire réunit des parlementaires de différents pays et adopte une résolution soulignant la justice de la lutte de décolonisation menée par le peuple sahraoui sous la direction du Front POLISARIO.